Pour "garantir la sûreté et la fiabilité des armes nucléaires", une explosion d'une puissance inférieure à 120 kilotonnes a eu lieu samedi dernier vers 22H30 sur l'atoll de Fangataufa. Cet essai, le sixième de la série de tests, et le 210 ème depuis l'emploi de l'arme atomique par la France en 1960, était égale à six fois la bombe d'Hiroshima. Le désormais classique concert de désapprobation des nations s'est élevé aussitôt. Les "voisins immédiats" japonais, néo-zélandais et australiens ont en vrac souligné l'attitude de la France comme "scandaleuse", "regrettable" ou "totalement irresponsable".
Rien de neuf sous le soleil, si ce n'est, pour les détracteurs de cette campagne, comme pour ses partisans- plus ou moins chauds d'ailleurs - la perspective de la fin de cette ultime campagne de tests nucléaires français. L'ancien président Valéry Giscard d'Estaing a souhaité son achèvement "le plus vite possible". En effet, ce sixième tir pourrait bien être le dernier. Jacques Chirac, lui même, n'avait-il pas déclaré au micro de notre confrère américain Larry King, sur CNN, que six essais devraient être suffisants alors que sept avaient été initialement programmés.
La question que tous se posent reste en suspens. La décision appartient au Président de la République, après consultation des experts militaires. Si annonce de la fin des essais devait intervenir, elle le devrait d'ici le 1 er février, date du départ de Jacques Chirac pour les Etats-Unis. Ecologistes et adversaires du nucléaire, mais aussi ceux qui se sont ralliés aux thèses du président, espèrent certainement un dénouement le plus rapide possible. La position française, ferme et intransigeante, même si elle a démontré l'indépendance de la France, lui aura coûté cher en terme d'image au plan mondial. Il suffit pour s'en convaincre de songer que 88 essais ont eu lieu sous les septennats du président Mitterrand contre 6 seulement pour l'instant sous celui de Chirac. Aucune commune mesure pourtant dans les résonances dans la presse française et internationale à ce sujet. Un problème de communication se serait-il greffé également sur cette encombrante affaire des essais nucléaires ?